2022

JEAN LARIVE

D'ENTRE DEUX EAUX

Jean Larive est un photographe français, né en 1969. Diplômé de la Sorbonne, il a d’abord enseigné la philosophie en lycées avant de se tourner en 2010 vers la photographie. Son approche du réel se nourrit de références culturelles et littéraires et sa pratique photographique aime autant s’engager dans l’action que questionner nos représentations.

Il privilégie les sujets longs dans une démarche documentaire – l’accueil des étrangers dans la société française, l’accès à l’éducation, les mémoires singulières et multiples des conflits du XXe siècle ou la poétique des espaces et des territoires. Son intérêt pour l’action publique l’a amené à collaborer à plusieurs “missions” photographiques, pour l’UNESCO (Journey to school, 2013), le CNAP (Réinventer Calais, 2016) ou, cette année, au sein de la grande commande de la BNF. Membre de l’agence Myop depuis 2016, il y a développé une pratique éditoriale ambitieuse (collection des Myopzines, ouvrages collectifs). Attaché à réfléchir et transmettre la photographie et ses usages, il est chargé de formation à l’EMI-CFD, de cours à l’Université Evry-Val d’Essonne et il anime régulièrement ateliers et workshops.

THÉMATIQUE : Géographie

D’entre deux eaux 

En changeant, le climat change aussi les paysages et les vies. Les phénomènes de sécheresse et de crues, amenés à s’intensifier et à se répéter, bouleversent jusqu’à nos représentations de la nature et des éléments. En Occitanie, dans le Minervois, les crues de l’Orbiel, du Trapel et du Rieu Sec, les 14 et 15 octobre 2018, ou celles du fleuve Aude, en janvier 2020, ont eu des conséquences directes – et dramatiques – pour les populations et villages concernés. Quelle(s) mémoire(s) en reste(nt)-t-il aujourd’hui ? 

Anaïs Marshall, géographe à l’Université Toulouse – Jean Jaurès et Jean Larive, photographe à l’agence Myop, ont souhaité mesurer et sentir l’impact de tels événements dans la durée. En suivant les chemins de l’eau, ils sont entrés dans l’intimité d’un territoire et parfois, comme avec l’émouvante collecte de photographies inondées, jusque dans les territoires de l’intime.

« D’entre deux eaux » doit d’abord s’entendre comme un espace géographique au réseau hydrique complexe, compris entre les communes de Conques-sur-Orbiel, Villalier, Villegailhenc et Puichéric. Comme une temporalité aussi, un « entre-deux-crues » donnant à voir des mécanismes de résiliences, de mémoire ou d’oubli, à l’échelle des individus (abandons, souvenirs, procédures) comme à celle des territoires (laisses de crues, aménagements, travaux). Enfin, il entend rendre compte discrètement du travail de terrain, systématiquement effectué en binôme, arpentant ces territoires, y croisant leurs regards tout en prolongeant leurs discussions sur le statut de « l’image » d’un lieu ou encore les usages de la photographie dans leurs disciplines respectives.

A l’instar de leurs objets et de leurs écritures, la restitution est protéiforme. L’exposition présentée à la Chapelle des Cordeliers à Toulouse mêlera son et images, la voix de la chercheuse et le regard du photographe. A cette occasion, est publié un “journal de recherches”, laissant envisager d’autres formes d’édition et de monstration.

En partenariat avec le laboratoire LISST et le CNRS Occitanie Ouest.

Anaïs Marshall est géographe, maître de conférences à l’Université Toulouse – Jean Jaurès. 

Ses travaux de recherches portent, d’une part, sur les conflits liés à l’accès aux ressources, eau et terre, dans des contextes arides mondialisés, et plus spécifiquement dans les oasis péruviennes et argentines. D’autre part, elle s’intéresse aux modes d’écritures alternatives de la géographie, notamment par l’image et le son. Rattachée au Laboratoire LISST au sein de l’équipe Dynamiques Rurales, elle co-organise régulièrement des séminaires de recherches “Sociétés, Images et Sons”, et est co-responsable de la rubrique “Sur l’image” de la revue EchoGéo. 

Depuis 2018, Anaïs Marshall et Jean Larive interviennent en binôme auprès d’universitaires (Sorbonne Paris Nord, UT2J à Toulouse et à Foix) sur les thèmes « photographie et territoires ».

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