2023

TU TE SOUVIENS DE LA COULEUR DE MA CHAMBRE ?

Coffret 2023

Éditions Filigranes

AUTEURE : Marion Ellena
TEXTE : Fabien Ribery

Format : 170 x 250 mm
Langues: Français/Anglais
Prix : 25,00€
Tirage : 400 exemplaires
ISBN : 978-2-35046-612-

#21 « Tu te souviens de la couleur de ma chambre ?» (Marion Ellena)

L’océanique de la mémoire

Toute l’œuvre de Marion Ellena interroge l’énigme de la mémoire, et la façon dont se constituent nos souvenirs, en recomposant les éléments d’une réalité par essence fuyante. En travaillant de façon expérimentale sur la matière même de l’image, captée, trouvée, altérée, l’artiste d’origine vénézuélienne métaphorise la neuroplasticité fascinante du cerveau. En collaboration avec le Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA/CBI - CNRS/Université Toulouse III Paul Sabatier) de Toulouse, Marion Ellena s’est ainsi interrogée sur la capacité de la mémoire à se régénérer selon les environnements dans lesquels le sujet se trouve.

Mais, comment aborder le présent si notre passé est une arche flottant dans l’insaisissable ?

Où est-on vraiment si ce que nous prenons pour notre biographie visuelle est une construction éphémère de nature souvent trompeuse ?

À partir de photographies orphelines récupérées dans l’espace public ou prises avec son Smartphone, puis transférées sur papiers, avant que d’être soumises à des bains de dégradation chimique, l'artiste questionne la spectralité des images, leur précarité constitutive, comme leur capacité de rémanence, de résonnance, d’aventure. L’entreprise est à la fois métaphysique – souci de l’identité, des frontières du moi -, et profondément onirique. Par la force composite de ses images, et l’énergétique des couleurs qui les structurent, Marion Ellena vainc la possible mélancolie concernant la disparition du passé en faisant entrer le spectateur dans le monde du sublime et de la rêverie (...)

L’esthétique de l’artiste procède de la superposition et des effets de transparence, des êtres fantomatiques comme des pans de paysages en dormance.

Le photographié est dupliqué, repris, photographié de nouveau, l’acte poétique opéré ici relevant à la fois de la réappropriation et du désir de dérive.

La mémoire est une résille, une déchirure, un crâne troué.

L’exil n’est pas à déplorer, comme on aurait pu le croire lorsqu’on a perdu sa terre natale, c’est simplement un fait ontologique, la condition même de l’humain arraché dès sa naissance à l’océanique maternel.

On cherche la chaleur amniotique du passé, et l’on découvre avec Marion Ellena un avenir totalement inédit, neuf, enchanteur.

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