2019

SOLASTALGIE

Matthieu Gafsou

Éditions Filigranes

AUTEUR : Matthieu Gafsou
TEXTES : Fabien Ribéry

Format : 175 x 250 mm
Langues : Français/Anglais
Prix : 25,00 €
Tirage : 500 exemplaires
ISBN : 978-2-35046-490-9

Le futur est devenu un horizon inquiétant. C’est le point de départ de ce projet : la transformation qui s’est opérée dans ma relation au monde, l’effritement d’une vision d’avenir sereine, l’apparition de l’angoisse non plus comme révélateur de mes failles intimes mais de la menace qui pèse sur « l’extime » : le territoire, le monde, ce qui m’entoure et me semblait immuable … Plutôt que de limiter uniquement mon projet à l’énumération factuelle des causes de cette crise (pollution, réchauffement, crises sociales et migratoires, crises financières, etc.), plutôt que de convoquer uniquement de grands concepts, comme l’anthropocène par exemple, j’ai choisi de thématiser la dimension intime d’un tel horizon. Comment suis-je affecté par cette perspective et surtout comment cette dernière, déjà, par touches discrètes, influence mon quotidien. Pour ce faire, j’ai décidé de mettre en oeuvre un langage visuel éclaté, complexe, qui tout à la fois montre certains aspects factuels (la neige qui fond en février dans les Alpes par exemple), d’autres intimes ou proches de mon quotidien (ma famille…). Mais il me semblait essentiel d’intégrer à ce projet une dimension philosophique, de questionner notre relation à ce qui nous entoure et d’essayer de thématiser la violence de notre relation à notre milieu. C’est la raison pour laquelle j’essaie de fabriquer des images qui témoignent d’une relation autre à l’environnement (car le paysage dans sa forme artistique renvoie souvent à une forme idéalisée du territoire que j’essaie de questionner). Enfin, certaines photographies, plus ambiguës, rappellent mes propres contradictions et mettent littéralement en scène la violence de ma façon de me servir des ressources qui m’entourent. Ce projet est donc constitué d’un noyau de photographies documentaires régulièrement balancées par des images plus allégoriques qui permettent de déplacer la représentation vers des dimensions philosophique et personnelle. Il s’agit de rendre intimes les questions posées par la science, d’opérer ce glissement vers le sensible et de participer à un concert de voix que j’estime à titre personnel nécessaire.

Il fut un temps où l’on pouvait encore alerter sur la détresse de l’absence de détresse. Nous sommes aujourd’hui au-delà, dans un temps où la fin rejoint l’origine, un temps de crise interminable, systémique, à ce point majeure qu’elle en redéfinit tous les paramètres de nos vies…

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